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-:- "Avoir les couilles en sautoir" -:-


"Avoir les couilles en sautoir"
Un séraphin dans la guerre des œufs. De retour du Nicaragua et présentant son dernier roman, La Ceinture de feu, le 2 octobre 1984 à "France-Culture", l'écrivain Conrad Detrez (prix Renaudot 1978) explique que le titre de son livre vise, bien sûr, la "ceinture de feu" constituée par la chaîne de volcans qui bordent l'océan Pacifique – particulièrement actifs en Amérique centrale – mais aussi cette ceinture de cartouches qui sangle les flancs des militaires et des guérilleros et qui alimente le funeste brasier de la guerre. Il cite à ce propos une expression qui résume la métaphysique belliciste, quand on dit du héros : "Tiene huevos!" ("Il a des œufs!"). Ainsi les bourgeoises de San Salvador défilent-elles, tenant deux œufs dans la main, devant le major d'Aubuisson, leader d'extrême-droite, en clamant: "Tiene huevos!" et les révolutionnaires, eux aussi, prennent le maquis parce qu'"ils ont des œufs".


"Maman ! C'est ceux-là qu'il faut avoir pour défendre la patrie ?"
Jorge A. Mercado Caras y Caretas, 1983.(Argentine)
Et l'attaché culturel de l'ambassade de France au Nicaragua, "l'enfant mystique qu'effrayaient les mains couvertes de sang de son père boucher", "bachelier en théologie", peut-on lire dans la notice nécrologique que le Monde du 13 février 1985 lui a consacré, de rêver d'un "paradis impossible peuplé de tendres séraphins", où la sexualité tournerait le dos à la guerre, où l'ardeur des "œufs" n'aurait plus la violence et la mort pour prix. Conrad Detrez donnait l'amour homosexuel pour parangon de cette espérance angélique. Ce n'est pas la consistance de cette spéculation qui nous retient ici, mais sa métaphore, ou son savoir, qui met la guerre aux "œufs" (le diable, disait Jovinien, est aux rognons), retournant – et avalisant par là – la morale naturelle.

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